COVID19 - Plainte c.X de la FENVAC


Le 27/04/2020



Victimes du Covid-19: une association porte plainte contre X Article de Mme Angélique NEGRONI - Le Figaro 27/04/2020 - "La Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac) remet en cause la gestion de la crise liée au coronavirus et saisit la justice. Habituée à intervenir dans les catastrophes d’envergure auprès des personnes meurtries, la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac) remet en cause la gestion de la crise liée au Covid-19 et saisit la justice. L’association vient de déposer plainte contre X auprès du procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Dans ce document de vingt-huit pages que Le Figaro a consulté, deux infractions sont visées: la mise en danger de la vie d’autrui et la non-assistance à personne en danger. Alors que des milliers de personnes sont en réanimation et que le nombre de morts ne cesse d’augmenter, la Fenvac dénonce «l’impréparation structurelle de notre système de santé à la survenance d’une crise sanitaire». S’attardant sur les politiques sanitaires successives qui ont conduit à un système de santé détérioré, l’association évoque l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Éprus). Créé en 2007 avec pour mission «la gestion des stocks de produits de santé constitués en cas d’attaques terroristes et de pandémie», cet organisme avait, selon l’association, un rôle à jouer durant la crise. Mais entre fusions et baisse de ses subventions, «l’Éprus s’est trouvé “désarmé”, de sorte que le stock de masques a considérablement diminué», écrit-elle. Estimant qu’il y a eu, à tous les niveaux, «une défaillance dans l’anticipation des mesures de protection essentielles», la Fenvac rappelle que les alertes n’avaient pas manqué. Elle en évoque trois, comme cette note confidentielle de Jérôme Salomon, l’actuel directeur général de la Santé, rédigée quand il était le conseiller santé d’Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle. Datant du 5 septembre 2016, elle démarre ainsi: «La France n’est pas prête.» Elle se poursuit par: «Notre pays doit adapter ses organisations aux spécificités des crises majeures à venir (…). Il faut se préparer à faire face aux situations sans précédent (…), inconnues jusqu’à aujourd’hui voire impensables, avec la réactivité nécessaire pour conserver la confiance des Français.» «Constat d’échec» «Face à cette crise, il y a eu un manque de réactivité en Europe comme en France», déplore Me Étienne Rosenthal, qui a rédigé la plainte. Les pouvoirs publics n’ont pas, selon lui, relancé à temps le processus de fabrication des masques sur notre territoire. Quelques pages plus haut, dans la plainte, l’association pointe une communication qui se cale sur la réalité de notre pays. «La France est victime d’une pénurie de masques et de tests dont l’État (…) se sert désormais dans sa communication pour contester et réduire la portée des alertes de la communauté scientifique sur l’utilité de ces outils de protection et de dépistage essentiels», estime-t-elle, en s’étonnant des positions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).» Dotée d’un conseil d’administration dans lequel l’État est présent, celle-ci a minimisé le rôle du masque. «On peut s’interroger sur le fait que le recours du masque ait été présenté comme une protection marginale et négligeable», souligne l’association, avant d’évoquer toutes les professions qui, poursuivant leurs activités, ont été mal protégées. Alors que le déconfinement approche, cette pénurie de masques aggrave, selon la Fenvac, celle des tests et s’accompagne d’une stratégie de dépistage «à géométrie variable». Selon, Me Rosenthal, ces défaillances «conduisent au constat d’échec de la culture du risque en France». Cette plainte, qui s’ajoute à des dizaines d’autres déposées à ce jour, a justement pour vocation de mettre à plat notre système de santé, selon le président de l’association. «Notre plainte contre X n’a pas pour but de mettre en cause tel responsable ou de viser exclusivement l’actuel gouvernement qui a hérité de mesures prises avant lui», explique Jean-Michel Rollot. Dans les prochains jours, un collège de juges d’instruction devrait, espère-t-il, s’emparer du dossier. «À lui de faire un travail rétrospectif utile pour notre avenir», ajoute-t-il. En vue d’autres recours devant la justice, l’association démarre également un recensement des victimes de l’épidémie par le biais d’un questionnaire sur son site (www.fenvac.org)."

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